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Comment réussir à Bollywood | Jay WorldMan
bollywood figurant

Bollywood : tout en sobriété.

Quelle nuit mes neveux, quelle nuit !

J’ai longtemps hésité sur l’intitulé de cet article : « Bollywood chewing-gum », « Nabolo goes to Bollywood » ou « Nabollywood man »… Vous allez bientôt comprendre pourquoi j’ai choisi celui-là.

Comme je vous disais dernièrement, je suis arrivé à Bombay il y a quelques jours pour lancer ma carrière de superstar internationale. J’avais cette aventure en tête depuis mon départ de chez ANKAMA, il y a un an, où je prophétisais mon incroyable destinée à qui voulait l’entendre… c’est-à-dire personne. Si vous saviez comme j’ai souffert ! On m’a moqué, bafoué… mes collègues d’alors étaient sans merci : on me montrait du doigt quand je passais dans les couloirs ou bien on me jetait des tofus en peluches au visage. Maliki profita de la situation pour m’injurier mortellement au travers d’une planche pleine d’insinuations sur ma relation avec les moutons et les chèvres, et un stagiaire insolent se permit même de zigouiller mon personnage d’Oto Mustam, que j’avais si laborieusement équipé à coup de bannissements de joueurs…

Pour ceux qui n’ont pas suivis ces évènements, le dernier paragraphe est du charabia (qu’ils consultent donc les anciens articles du blog !). Ce qu’il faut retenir c’est que j’étais au plus bas (en fait pas du tout mais c’est important de dramatiser la situation du début pour préparer au succès de la fin : comme dans « Invictus »).

Les mois ont passé. Sans travail, sans amis, sans-culotte, sans pour sans, sancho panza, sans… bref, c’est ainsi que je débarquais à Bombay un an plus tard. J’avais entendu une émission à la radio qui disait que les Occidentaux étaient très recherchés par la TV et le cinéma indien qui s’en servent pour donner une touche de mondialité à leurs films et publicités. N’étant pas certain de mes qualités d’acteur (modestie, quand tu nous tiens !) je me suis dit que c’était l’endroit où jamais d’expérimenter le métier de comédien.

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Sans doute le plus mauvais film de leur carrière à tous les trois. Mais je n’y suis pour rien.

Mais faut pas croire, je ne suis pas un débutant ! J’ai déjà eu l’occasion de monter sur les planches d’un grand théâtre parisien dans l’excellente pièce de « Les fils de… » et de jouer les figurants au côté des plus grands : Gérard Depardieu, Gérard Jugnot, Catherine Frost… dans le film « Boudu », un véritable navet qu’ils se sont tout de même permis de débarrasser de ma prestation au montage.

Ma stratégie pour réussir à Bollywood était la suivante : je prenais une douche et je fonçais au studio pour voir le mec qui fait des films et lui demander un rôle. Hélas, à peine arrivé j’ai chopé une crève carabinée à cause de l’air conditionné que les Indiens poussent à fond en permanence… Pas parce qu’ils ont chaud, non (ils se foutent même de ta gueule si tu leur dis que tu as trop chaud dehors), mais parce que c’est un signe de richesse. Si t’as la clim c’est que t’as du pognon, donc plus il fait froid chez toi, dans ton magasin, dans ton bureau, plus tu es respecté et puissant. C’est ce qui a contrarié mon plan initial et m’a contraint à remplir des mouchoirs de morve trois jours durant (et je ne vous parle pas des sixtes de toux). Donc je ne me suis pas foulé pour trouver un rôle, j’ai pris le guide du routard et j’ai contacté les deux numéros qu’il y avait dedans… En effet, beaucoup de touristes se prêtent au jeu du casting, au point que les guides touristiques proposent des numéros (vous m’avez pris pour un original et vous vous êtes trompés).

Le lendemain mon téléphone sonna…

– Ohoh ! Quelqu’un m’appelle ! ai-je conclu rapidement.

J’avais raison : un type me proposait une nuit de tournage dans une série télé à la « Hélène et les garçons ». En Inde, quand on allume la télé pour zapper un coup, on a l’impression qu’il n’y a qu’une seule chaîne. Mais en se fiant aux symboles affichés en haut à droite de l’écran on s’aperçoit que non : ce sont juste les séries qui sont les mêmes. Elles racontent une histoire d’amour contrariée avec combats de familles et coups sournois, bien mis en valeurs par des zooms saccadés sur le visage des interprètes, flash lumineux et musique qui fait peur. La série pour laquelle je dois jouer s’appelle « Rakht Sambhand », ce qui signifie « Relations sanglantes » en hindi (je crois que le titre parle de lui-même).

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Une icône des années 80 : Framboisier des Musclés. Mon rêve est de connaître la même carrière cinématographique.

On me propose 700 roupies (à peu près 10 euros) pour une nuit de tournage, de 21h00 à 7h00 du matin. Je tente sans succès de négocier et accepte en terminant de me moucher. J’aurai le reste de la journée pour me soigner et pour dormir. Mais quelques minutes plus tard, nouveau coup de fil : celui que j’appelle désormais mon « manager » me demande si je ne connaîtrais pas une fille « white skinned » qui pourrait m’accompagner ? Je lui promets de chercher, en regrettant de ne pas avoir négocié plus fort, puisque les blancs sont si difficiles à trouver. Effectivement, la mousson ne rigole pas à Bombay, et c’est probablement le pire moment pour s’y rendre : il y a peu de touristes.

J’écume les forums d’expatriés et j’envoie quelques messages qui n’obtiennent aucune réponse. Puis je me décide à aller déjeuner, et à chercher une fille blanche en marchant dans les rues. Non seulement je ne croise pas de filles blanches, mais presque pas de filles du tout. La rue surabonde de garçons, comme d’habitude.

Je déjeune rapidement dans une sorte de brasserie, sans être interrompu que par un barbu peinturluré et torse-poils qui se fouette violemment le dos avec sa ceinture en demandant l’aumône. Je n’entre pas dans le détail de ce genre d’anecdotes, « Indiana Tom et le rapport de stage perdu », mon excellent roman à paraître, en est tout plein.

Je sors du resto et c’est là que je la vois… Ses longs cheveux noirs tombant sur ses épaules nues, ses vêtements de soies flottant comme le drapeau blanc de l’amour, elle me regarde tendrement du haut de ses (à peu près) cinquante-cinq ans, un large sourire sous sa moustache brune… Non, décidément c’est un homme et en plus il n’est pas blanche : je rentre me taper une sieste.

Comment réussir à Bollywood ?

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Dans mon camion-loge-frigo.

Je pars une heure en avance. Le lieu de rendez-vous, sur la carte, semble tout proche, mais on est à Bombay et je ne suis pas dupe. Il me faut une heure pour arriver en rickshaw, ce qui me coute 150 roupies : reste plus qu’à travailler toute la nuit pour me rembourser le trajet. Je suis accueilli par le sympathique Amjad (mon manager) et une française, la seule autre figurante blanche qu’il ait trouvée. Le tournage a lieu au Holliday Inn de Bombay (il ne doit pas y en avoir qu’un seul j’imagine), hôtel de standing sur le côté duquel sont garés des camions en file anglaise : c’est là-dedans que sont les loges, avec costumes et maquillages. Il est 21h30, on a le temps, d’autant que nous ne tournerons pas avant minuit : ça valait bien la peine de nous faire venir en avance. Amjad nous emmène faire un tour dehors où il nous offre chai et lassi (le chai et le nom du thé indien ; quant au lassi, contrairement à ce qu’on croit, c’est une sorte de boisson au yaourt et non pas un plat chaud à base de chien). Puis nous nous installons dans un camion-loge frigorifié à force de climatisation. Je tousse ma race. J’ai encore plus toussé ma race quand on est allé manger notre thali (un plateau d’aluminium qu’on remplit de riz et de sauces diverses et picées). C’était d’autant plus énervant que ma partenaire (que pour l’occasion nous appellerons « Claudine, la petite aventurière ») avalait le sien d’une seule traite. Je faisais pâle figure à côté, blanche figure même, lorsqu’elle me raconta ses précédents voyages en Birmanie, au Cachemire et au Ladakh, toute seule, hors des sentiers battus, tandis que je peine tellement à me réaliser en tant qu’aventurier et que, gros peureux que je suis, j’avais déconseillé à ma sœur de faire le même voyage.

C’est dans ces moments là que je pense à mon titre de champion en double de Dofus Arena, pour me convaincre que ma vie n’est pas tout à fait vaine… (spéciale dédicace à Ipsen, le co-champion).

Enfin, quand j’ai fini de tousser on nous envoie à la réception où le tournage se poursuit. Le personnel de l’hôtel a été mobilisé pour animer ce grand hall tout blanc au plafond inaccessible, dont l’entrée est constituée d’une large baie vitrée. On dirait presque un hall de gare propre : c’est vraiment un grand hôtel.

Quelques Indiens posent les rails du petit train qui servira à déplacer la caméra, mais la plupart s’occupent de couvrir, découvrir et orienter de grands panneaux d’aluminium souple afin de régler la lumière. Les acteurs principaux sont au nombre de trois. Ils sont très facilement reconnaissables à leur peau couverte de fonds de teint et à leurs coiffures impeccables. On dirait des images de magazines vivantes au milieu des gens du commun dont les cernes se dessinent de plus en plus nettement. Eux en ont aussi mais la maquilleuse veille à ce que personne ne s’en aperçoive.

Claudine la petite aventurière n’a pas mon expérience des tournages, ce qui me permet de régagner un peu de ma superbe en lui apprenant la base du métier de comédien-figurant : l’attente. J’ai pris deux bouquins et un jeu de cartes. Nous invitons Amjad à faire une partie, le temps que l’heure tourne. Nous discutons de choses et d’autres, nous parlons de films divers…
– Vous avez vu « Once upon a time in Bombay » ? nous demande-t-il, Il y a deux figurants blancs qui passent dans le fond au moment de la scène du café… Vous les avez vus? C’est moi qui les ai choisis.

bollywood figurant Aishwarya Rai

Aishwarya Rai : actrice bollywoodienne et plus belle femme du monde (il me manquait une illu, alors tant qu’à faire…).

Un tournage c’est une grande machinerie de personnes qui mettent leurs compétences bout à bout pour souligner celles de ceux qui passeront à l’écran. Il y a beaucoup de monde autour des caméras, celui qui filme, celui qui décide quoi filmer, ceux qui maquillent, ceux qui éclairent et Vijay, le responsable « raccord », qui prend des photos : c’est lui qui a la lourde tâche de vérifier que les acteurs ont la même coiffure, les mêmes habits, etc. d’un jour de tournage à l’autre, pour ne pas que le spectateur s’aperçoive qu’entre la déclaration d’amour et le baiser, les acteurs sont rentrés chez eux pour bouffer, se laver et dormir. Tout ce petit monde est approvisionné en chai par l’équipe dédiée à cette mission.

Enfin ! C’est à notre tour d’entrer en scène ! Claudine et moi allons finalement apporter cette petite touche d’international qui manque cruellement à l’épisode en cours. Pour l’instant on ne voit que des Indiens à l’écran, ce qui n’est pas suffisant pour donner à l’hôtel son adjectif de « grand ». Il lui faut aussi du blanc, du blanc riche et bien sapé, du milliardaire américain en vacances, moi, sans doute, avec mon short bleu, mes godasses boueuses et ma coupe de cheveux à la waneguen. Claudine n’est pas vraiment habillée en duchesse non plus… On ne nous a ni maquillé, ni déguisé… Forcément : le metteur en scène avait trop peur que j’éclipse ses vedettes. A la place du maquillage, un Indien en chemise rouge à carreaux me met une valise à roulettes entre les mains et me dit « walk » en me poussant dans le dos.

Je « walk » donc, avec Claudine qui se marre en walkant à mes côtés. Mais pas moi, il ne m’a fallu qu’un cinquantième de seconde pour m’imprégner de mon rôle… plus rapide qu’X-or pour équiper son scaphandre de combat !

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Je pointe du doigt une direction quelconque pour faire croire au futur public que nous sommes un couple en train de chercher notre chemin… Puis, au bout de cinq mètres, je sors du champ de la caméra. Ca y est, tout est fini. Je vais pouvoir rentrer chez moi. Un figurant Indien, qui a fait à peu près le même parcours pour nous rejoindre de ce côté du champ de la caméra, déclare quelque chose en hindi. Je suppose que c’est un compliment mais j’essaye de ne pas trop le prendre au sérieux. Il est important de garder les pieds sur terre dans ce métier : on attrape la grosse tête  si facilement!

Claudine et moi nous asseyons dans un coin en attendant notre salaire, mais l’Indien à chemise à carreaux s’excite à dix pas de là en nous faisant des gestes de la main. Ca paraît invraisemblable mais on dirait qu’il attend que nous refassions un passage. Je ne suis pas convaincu que les téléspectateurs ne se rendront pas compte que ce sont les mêmes Occidentaux qui repassent à nouveau dans le fond, cette fois dans l’autre direction, toujours avec leur même valise… Mais enfin, c’est lui le patron !

Nous repassons, une fois, deux fois. La scène se finit et se répète et nous repassons sans cesse. La prochaine fois que je regarderai un film j’essaierai de voir, au cas où il impliquerait des figurants Japonais, si ce sont toujours les mêmes et s’il m’est facile de les reconnaître. Peut-être le public indien n’y verra-t-il que du feu, après tout ? Ce ne sera pas qu’une question d’apparence car les figurants Indiens repassent autant que nous. Il y en a un qui commence à m’énerver d’ailleurs, à toujours vouloir prendre le même chemin que moi, m’obligeant carrément à faire des écarts. Je ne sais pas ce qui m’a retenu de lui faire un croche-pied.

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Un intermittent du spectacle indien, au bout d’une nuit de travail.

Autre scène : cette fois Claudine et moi allons parler au guichetier qui se trouve à gauche de celui auquel s’adresse l’actrice principale (une très jolie indienne habillée en sarie). Nous faisons semblant de lui parler (ce qui fait presque de mon job un rôle à texte) et des efforts pour ne pas rigoler.

Le coup d’après (entre-temps il y a une ou deux parties de cartes) on nous envoie marcher à travers le hall jusqu’aux toilettes. Comme la sortie des toilettes est prise dans le champ, nous y attendons avec notre valise le temps qu’on nous fasse signe d’en sortir, ce que le mec à chemise à carreaux oublie de faire. Puis nous retournons à notre partie de cartes.

L’un des acteurs principaux n’est pas loin, et je prends l’occasion de ce break pour engager la conversation.

Je ne le connais pas, je ne l’ai jamais vu à l’écran ni dans aucun magazine alors ça ne m’impressionne pas tellement d’aller lui parler, sauf si je songe qu’il est l’équivalant Indien de Nicolas d’ « Hélène et les garçons » ou de Framboisier de « Salut les musclés ! ». Alors là mes genoux tremblent et il me faut tout mon courage pour engager la conversation.

Il est très sympa en fait, et très abordable sous son fond de teint. Il me raconte qu’il a terminé ses études il y a quelques mois et qu’il a enchainé les castings depuis jusqu’à trouver ce rôle là. Apparemment ça n’a pas été beaucoup plus dur pour lui de devenir une star, alors pourquoi pas pour moi ? Le fait que je ne parle pas hindi sera mon premier handicap, me confie-t-il. Je lui demande si le métier lui plait ? Il me dit qu’il adore ça, que ça l’amuse beaucoup de voir des articles sur lui dans la presse et les journaux. Moi qui connais bien les inconvénients de la célébrité (je suis quand même ex-lead community manager de Dofus, faut pas déconner : j’ai signé des autographes à faire pâlir le bouftou de Lichen et tout et tout) je lui demande si ça ne lui fait pas peur que la presse puisse le diffamer, qu’il ne soit pas maître de sa réputation ou qu’on viole sa vie privée ? Apparemment pas du tout. Il a l’air ravi et bien dans sa peau, bien que fatigué. Il doit avoir dans les vingt-quatre ans, à l’instar de ses deux partenaires qui ont l’air de jeunes gens épanouis. Comme il ne parle pas français je lui file une carte du Nabolo-blog : c’est mon moyen le plus sûr pour recruter des lecteurs fidèles.

***

Nous avons fini sur les coups de quatre heures du matin. J’ai touché ma paye de 700 roupies sur laquelle, je pense, mon manager a prélevé une large commission (c’est le bon côté des figurants occidentaux qui cherchent avant tout l’expérience. Il semblerait que les figurants Indiens soient payés beaucoup plus chers)… Et une heure après j’étais au lit !!

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Non, ce n’est pas (vraiment) une salle de torture : c’est un wagon de train indien.

Haha ! Bien sûr que non : on est en Inde les mecs, réveillez-vous ! Ca n’est pas si simple. Et puis je suis un aventurier, je vous le rappelle : j’ai demandé à mon manager comment rentrer chez moi sans claquer toute ma paie d’un coup. Il m’a conseillé le train. Pas le métro ou le tramway hein ? Le train : de grandes cages sur roues avec grillages aux fenêtres. Je prends le rickshaw pour me rendre à un semblant de gare. Difficile de se repérer : il n’y a de panneaux nulle part, et s’il y en a ils sont en alphabet nagari. Je demande mon chemin à deux jeunes qui eux aussi cherchent le guichet. Ils m’invitent à les suivre à travers les flaques de boue et les déchets. L’un d’eux trébuchent sur un énorme rat mort, ce qui ne lui fait ni chaud ni froid d’ailleurs, et nous arrivons au guichet. Je leur tiens compagnie jusque dans le wagon où je m’assois avec eux. Une incroyable densité de poignées en fer pend du plafond, symptomatique de la surfréquentation des transports en commun. Mais pas à 5h00 du matin. Mes compagnons ne parlent pas très bien anglais, mais nous faisons tous des efforts pour nous comprendre. Eux vont à l’aéroport prendre un avion pour la Thaïlande : ils vont passer cinq jours à Pattaya. Pour ceux qui ne connaissent pas ce nom, sachez simplement que Pattaya n’est pas vraiment connue pour ses musées. Eux m’apprennent que 50% de l’économie de Pattaya fonctionne en roupies indiennes. Ca me frappe que deux jeunes voyagent du Gujarat jusqu’à Bombay puis de Bombay en Thaïlande jusqu’à Pattaya (c’est pas vraiment la porte à côté !), comme si l’Inde, géante masculine, partait s’accoupler à grand frais avec la Thaïlande, petite féminine (pas si petite que ça…).

Comme nous ne savons pas trop de quoi parler, je leur propose de m’enseigner une blague, en hindi, ce qui est toujours pratique pour sympathiser avec les locaux (j’en ai appris une en thai aussi quand j’étais en Thaïlande).

Et voici la blague qu’ils m’ont apprises, en exclusivité, rien que pour vous, chers lecteurs de l’excellent Nabolo-blog :
– Tin billi thi poul par se jar ahi thi. Ek billi poul par se gir giyi… To dusri billi ne tisri billi ko kya kaha ?

Sachant qu’une grande partie d’entre vous ne parle pas le hindi (contrairement à votre héros), je prends donc la peine de traduire :
– Trois chats marchent sur un pont. Le premier chat tombe du pont. Sais-tu ce que le second chat dit au troisième ?

La réponse est « Miaou-miaou ». Mes Indiens étaient morts de rire en racontant cette blague. Je pense que je vais avoir pas mal de succès avec ça. Ils m’ont invité à leur rendre visite au Gujarat à leur retour, ce qui ne m’arrange pas car c’est dans la direction opposée à celle que j’avais choisie… Mais une nouvelle aventure ne se refuse pas, n’est-il pas vrai ?

A ce propos, l’Aventure a de nouveau frappé à ma porte ce matin. Ou plutôt elle a sonné au téléphone. Oui : l’Aventure utilise le téléphone portable ! C’était un texto de mon manager pour me rappeler de lui envoyer mes photos pour le rôle de docteur qu’il me propose de joueur lundi prochain dans un long métrage anglais… Et puis le téléphone a re-sonné quelques instants plus tard. Cette fois c’était le recruteur du deuxième numéro, celui inscrit dans mon guide que j’avais contacté à mon arrivé. Il vient de me proposer un rôle sur un tournage (un vrai film de Bollywood cette fois !) qui doit durer une quinzaine de jours dans les environs de Bombay. J’ai dit oui bien sûr : mais il faut encore que les photos que j’ai envoyées soient retenues.

J’ai reçu d’autres textos aussi, mais il s’agissait de spam, des questions quiz sur la religion hindou : qui était la femme de Krishna, etc. Vive le prosélytisme ! Ahlala, Incredible India…

ET voilà pourquoi j’ai choisi ce titre ! (Aucun lien, fils unique).

PS : comme ça fait trois jours qu’elle me voit enfermé dans l’appart, la femme de ménage de mon hôte vient de m’engueuler en me demandant pourquoi je squatte le salon plutôt que de visiter la ville… Vrai que ça doit la faire suer de m’avoir dans ces pattes. Mais il faut voir la tête qu’elle tire maintenant que je lui ai dit que si je reste enfermé le jour, c’est parce que je joue la nuit dans son feuilleton préféré.

C’est ça, la rançon de la gloire.