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L’aventure de devenir végétarien | Jay WorldMan

–          Papa, maman, je suis végétarien…

–          QUOI ?!

–          Oh mon Dieu non, c’est pas possible ! C’est pas possible…

–          Pas toi fiston, dis-moi que c’est pas vrai !

–          Je savais qu’on n’aurait pas du le mettre dans une école publique…

–          On a été trop tendre avec lui c’est ce que je te disais !

–          (sanglots) Si ton grand-père savait ça… Il doit se retourner dans sa tombe… bouhouhou…

–          Tiens, prends ça fils de con, tu fais pleurer ta mère !

PAF !

L’aventure d’être végétarien, c’est quelque chose. Socialement c’est un peu comme être victime d’une maladie

C’est difficile d’expliquer quand ça a commencé. J’ai un souvenir de maternelle, où je me vois, écrasant des escargots pour le plaisir, parce que j’aimais bien la forme qu’ils prenaient ensuite. Au parc, toujours vers le même âge, je collectionnais les vers de terre dans l’espoir qu’un jour mes parents m’emmèneraient à la pêche.

Et puis il y eut deux évènements.

Le premier ce fut ce jour où je suis finalement allé à la pêche (non sans oublier d’emporter mes vers au passage), pêchant à la ligne un bébé sardine que personne ne prit la peine de cuisiner… Mes parents l’ont laissé pourrir sur le rebord de la fenêtre, espérant que, peut-être, un oiseau viendrait l’emporter avant que « le petit » n’insiste pour qu’on bouffe sa trouvaille. Ce sont finalement les fourmis qui l’ont mangé.

A mes yeux c’était la première fois que je tuais.

Le second ce fut de voir, inertes, flottant dans un océan miniature, les corps des fourmis que j’avais noyées par jeu, en inondant la fourmilière du jardin avec un de ces sprays pour nettoyer les vitres.

Après, tout va dans le même sens : je ne supporte plus qu’on fasse du mal à un être vivant, insectes et végétaux compris. Je me bats dans la cour pour défendre un arbre dont on abîme l’écorce, ou un vers qu’on écrase… Idem plus vieux, dans la rue, quand ça fait marrer un con de bousculer un chat.

La découverte du pouvoir absolu m’a permis de réaliser à quel point on s’en fichait, du point de vue cosmique, qu’un animal souffre ; mais comme je l’explique aussi, quoique le bien et le mal n’existent pas, que les valeurs soient toujours subjectives, elles peuvent donner naissance à ce phénomène objectif que sont les sentiments, qui découlent d’une nature, d’une éducation, d’expériences et qu’il ne me paraît pas pertinent de combattre, quand bien même le pouvoir absolu est susceptible d’en venir à bout.

Il faut écouter son cœur, oui, comme dans les films à deux balles, parce que c’est la source objective de qui nous sommes, même si nos actions, en le trahissant, nous font parfois devenir quelqu’un d’autre.

En ce qui concerne ma sensibilité personnelle, au sujet de la vie animale, je pense qu’elle n’est qu’une déclinaison de ma haine de l’injustice. Car je ne plains pas les animaux quand ils se bouffent entre eux, mais il m’insupporte qu’on abuse sans motif valable de sa force : et c’est ce que font les humains lorsqu’ils tuent ou nuisent sans raison aux autres habitants de la planète.

Par ailleurs la nature m’émerveille et ça m’irrite que mes contemporains ne la considèrent pas autrement que pour ce qu’ils pourraient en faire : une forêt pour des meubles, des vaches pour un steak, de la neige pour du ski… Un peu comme moi je le faisais enfant, avec mon poisson et mes vers.

J’ai toujours tenu ce discours (toujours = depuis que j’ai trois ans), même en mâchant mon Giant au Quick (j’aime pas MacDo) ou mon steak tartare au resto.

Le déclic s’est produit alors que j’étais en voiture avec des amis-d’amis que je ne connaissais pas, mais qui m’emmenaient vers une plage voisine de Dunkerque, dans le nord, où nous profiterions de l’été pour camper après un bon barbecue.

Sur la route, la voiture a croisé un faisan qu’elle a évité de justesse… « Oh, le magnifique animal ! » ai-je songé, sa présence diffusait de l’aventure autour de lui, quelque chose que ne produisent pas les camions et les immeubles. Et puis quelqu’un a déclaré :

–          Merde, t’as vu le bestiau ?

–          C’est con que tu l’ais loupé, j’me le serais bien ramassé pour le bouffer ce soir !

–          Haha, t’as raison ! Attends je fais demi-tour…

Ces commentaires, même sans conséquence, m’ont gâché ma joie. Et à l’arrivée, je n’ai pas pu m’empêcher de le dire. On ne m’a pas jeté des cailloux mais on m’a demandé si j’étais végétarien… l’éternelle question !

Car à chaque fois que je manifeste mon amour des animaux, c’est la même qui revient. Quand je réponds « non », je perds toute légitimité à les défendre. Alors cette fois-ci j’ai répondu « oui »…

Autant vous dire que c’était pas le vrai bon moment opportun vu que, soirée barbecue oblige, le soir ce fut baguette et ketchup.

Un mouton traîné de force à l'abattoir - végétariens

Non parce qu’en fait il y a un lien… (dites-moi merci de vous épargner des images tellement plus gores)

Mais ça m’énervait d’être incohérent. D’autant plus que, avançant dans la formulation de ma philosophie de l’Aventure, la cohérence y prenait de plus en plus de place. Ayant toujours adoré la viande, je retournais le problème dans tous les sens ce soir-là… J’avais la dalle, pas moyen de dormir. Comment faire en sorte de conjuguer mon amour des animaux avec mon amour de les bouffer ? Comment être cohérent sur ce point ? Je repensais à ce gros m’as-tu-vu de Marco-le-globe-trotteur, rencontré en Inde et qui tient le rôle que vous lui connaissez (puisque vous l’avez déjà tous lu) dans mon EXCELLENT roman « Indiana Tom ». Marco disait ne manger que les animaux qu’il avait tués lui-même. Et il se rappelait de chacune de ses victimes. Ça c’est de la cohérence ! Et malgré mon antipathie pour ce type je… mais d’ailleurs, d’où venait-elle cette antipathie ? N’était-elle pas simplement due à sa supériorité sur moi, par la force de sa cohérence, que ça m’arrache la gueule de lui reconnaître ?

Au petit déj’ j’ai rebouffé du pain, avec de la confiture cette fois. J’étais de fait, 100% végétarien depuis presque huit heures. Je me décidais de prolonger l’expérience pour encore 240 heures afin de voir si j’en étais capable…

Ben à la 241ème heure je ne me suis pas jeté sur un steak en criant « Ouf c’est fini ! ». Dix jours, ce ne fut pas long. En fait je me suis rendu compte en y faisant attention que la plupart des aliments que je mangeais ne contenaient pas de viande. C’était facile. Au bout de dix jours j’ai décidé de m’engager pour dix de plus… Et c’est là que ça a dérapé.

Je suis piètre cuisiner. D’ailleurs je ne cuisine pas du tout. J’ai été élevé à base de lasagnes Findus pendant toute ma scolarité (à l’époque où l’on croyait encore qu’elles ne contenaient que du bœuf) et je suis habitué à ce que des robots me cuisinent des trucs tout seul pendant que je regarde la télé. Mais pour renouveler les composants de mon régime végétarien, il semblait que je dusse m’atteler aux fourneaux ce qui ne me disâte rien du tout.

J’ai donc commencé à faire quelques exceptions, puis plein d’exceptions, tout en continuant de me dire végétarien. Pas top, jusqu’à ce que je me retrouve sur une aire d’autoroute, en face d’un camion à veaux, dans lesquels des veaux, tout jeunes, les yeux encore bleus du fait de leur jeune âge, meuglaient pitoyablement en attendant d’être hachés menus. J’aurais voulu les libérer, mais je les tuais tous les jours en allant au supermarché.

J’ai repensé à Marco… Et plutôt que d’atteler son nom à des adjectifs désobligeants – comme j’en ai l’habitude – je me suis demandé s’il n’était pas loin, très loin devant moi. Pouvais-je espérer l’imiter, ne serait-ce qu’un petit peu ? Je me sens incapable de tuer un veau… une vache, une souris ou aucun autre mammifère. N’érait-ce pas lâche de manger des animaux en laissant à la grande machinerie sociale de faire la sale besogne et en la décriant tout à la fois ? Si, c’est lâche, c’est très très lâche. C’est complètement indigne de ce à quoi je prétends, et contraire à tout ce que je clame. C’est nul.

C’est lâche mais j’ai faim, pensais-je.

J’ai donc décidé d’éprouver mon petit courage en ne mangeant plus que des animaux que je m’estimais capable de tuer, tout en ne le faisant pas moi-même : des poissons et des oiseaux, mais plus des mammifères dont je me sens trop proche. J’inclus les moules dans les poissons au fait, car je ne me sens pas si proche d’une moule même s’il m’arrive d’avoir de la compassion pour elles si j’y pense. Et souvent j’y pense pas. Mais je devrais peut-être… D’un autre côté ces salopes de moules tuent plein de pauvres petits planctons… Et les vaches, ne tuent-elles pas des brins d’herbes ? Peut-être, mais elles ne les torturent pas toute leur vie durant. Ah oui, et quand elles marchent dessus alors ?

…ou les monologues de mon estomac.

Dans les faits pourtant, mon régime sans mammifères s’est excellemment bien passé, au point que ce n’est plus un régime, mais ma norme, désormais. Au bout de dix jours j’étais incroyablement plus en forme, plus léger et plus vif. C’est là qu’on réalise l’incroyable dose d’énergie que l’organisme pompe pour digérer des trucs qu’il est pas fait pour digérer.

Non parce qu’à la base, rappelons-le quand même, les êtres humains sont frutivores, c’est-à-dire qu’ils mangent des frutis. Comment on le sait ? On le sait parce que les appareils digestifs des animaux carnivores sont tous courts, afin d’expulser rapidement les toxines contenus dans les chairs mortes ; alors que les appareils digestifs des herbivores sont longs afin de tirer un maximum d’énergie des herbes qu’ils ingèrent. L’appareil digestif de l’homme est long, sauf si vous disposez d’une boîte à caca (auquel cas la consommation de viande n’est malgré tout pas recommandée). Autre preuve indiscutable : l’homme est le seul animal, avec le chimpanzé, à ne pas naturellement produire de vitamine C… parce qu’il en trouvait en abondance dans sa nourriture d’origine, je vous le donne Emile : le fruit !!!

Bref, au bout de trois semaines de ce régime je pétais la forme. Depuis j’ai découvert d’autres trucs et astuces sur comment bien manger. Parce que quand on bouffe, il faut le savoir, c’est comme mettre un tas de trucs dans une grande poche (l’estomac) et d’attendre ensuite que le tout fonde sous l’effet d’acides divers et variés. Or ce sont pas les mêmes acides qui dissolvent les mêmes trucs. Et si vous mettez deux trucs différents dans votre estomac qui stimulent l’action de deux acides différents, ben les deux acides s’annulent et tout prend beaucoup plus de temps, d’effort, donc d’énergie. C’est la même chose si vous buvez en mangeant : vous foutez de l’eau dans votre poche, et l’eau n’est pas très acide – il vaut donc mieux la boire avant de manger.

Un gain d’énergie donc, assez conséquent, que j’ai constaté en trois semaines de régime sans viande. Ma perception de la viande a changé elle aussi : elle m’est très rapidement devenue quelque chose d’étranger, de moins appétissant. Je continuais de manger du poulet, du canard et du poisson, mais plus de jambon, de bœuf, encore moins de veau ou d’agneau. Je continuais pour des raisons pratiques surtout, parce qu’en France il est difficile de… Attendez, je vais le formuler de manière plus honnête que je ne m’apprêtais à le faire : parce qu’en France, disais-je, je bouffe ce qu’on me dit de bouffer. A la superette du coin j’achète ce qu’il y a, et s’il y a pas de mammifère dans mes pâtes ou dans mon riz, c’est qu’il y a du poisson ou du poulet.

En Inde, la chose était bien différente, et j’y débarquais (pour la seconde fois) un an après la prise de toutes ces nouvelles résolutions. J’avais incorporé les concepts de « expérience culinaire » et de « plat traditionnel » dans mon régime « végétarien », m’autorisant ainsi à goûter des plats impliquant le meurtre de mammifères à condition que je ne les aie jamais goûtés avant ou qu’ils soient préparés par ma grand-mère. Mais au pays de la vache sacrée, plus besoin de se forcer ! De même que je bouffais ce qu’on me disait en France, en Inde il y a trente-six mille invitations à ne pas bouffer de la viande… Alors, certes, la première raison est religieuse, mais la seconde est beaucoup plus pragmatique : il n’y a que les privilégiés qui peuvent manger du bœuf. Par privilégiés je n’entends pas désigner de riches individus au sein d’une population donnée mais des groupes d’individus qui s’approprient toute une partie des ressources naturelles de la planète pour se nourrir à partir de viande.

Pour fabriquer quelques grammes de viande (si on oublie l’animal vu que tout le monde n’est pas sensible à son sort) il faut des tonnes d’autres trucs que nous, humains, on pourrait bouffer directement. Si la Terre était un village de 10 personnes ce serait comme décider que pour nourrir un type on en laissait crever un autre… J’avoue, j’ai pas les stats exactes sous les yeux, et comme je suis dans le train au moment d’écrire ces lignes je vous laisse googler pour moi. A mon avis c’est beaucoup plus pire en vrai que ce que je raconte ici : imaginez tout ce que consomme une vache en céréales au cours de sa vie, et ce que vous pourrez ensuite en tirer à manger. Imaginez le bilan carbone des transports de céréales jusqu’aux vaches, puis le bilan carbone du transport des vaches, vivantes puis mortes, jusqu’à la bouche de l’homme… comparé au bilan carbone du transport des céréales une fois, point. Multipliez tout ça par des milliards, et situez ces éléments dans l’espace : des céréales étatsuniens, des bœufs argentins et des bouches européennes… Ça en fait de la distance, et donc de la pollution.

Je vais dire un truc tellement évident que j’en ai honte, mais je le dis quand même tellement peu de gens ont l’air de s’en rendre compte : la Terre est devenue un village. Si vous habitez à la campagne et n’êtes jamais allé 10km au-delà de votre jardin vous n’en avez peut-être pas conscience, d’accord, mais croyez-moi sur parole : les transports, les accords commerciaux, les télécommunications ont fait de notre planète un village, et on ne peut pas gérer un village avec une politique différente par maison. L’avenir c’est un gouvernement mondial, et un seul pays. Vous pouvez rire aujourd’hui, ça n’arrivera sûrement pas demain, mais ça arrivera. Il vous suffit d’un peu de clairvoyance pour vous en convaincre, et on ne nourrira pas ce village là avec de la viande.

Par contre ça ne vous empêche pas de vous en battre les nouilles et de continuer à manger des veaux pour le moment, comme le font beaucoup de mes amis.

Heureusement, et spécialement pour vous j’ai préparé une longue liste d’arguments IM-PA-RABLES, quoique plus terre-à-terre, en faveur de l’Aventure d’être végétarien :

1-      Dans les lieux où la bouffe est imposée (avion, salon, etc.) les plats végétariens sont toujours meilleurs que les autres

2-      …

Je complèterai la liste plus tard… non que je manque d’inspiration mais je suis trop impatient de vous parler de ces amis, voisins, parents qui vous répondent, avec un air affligé, lorsque vous leur annoncez votre végétarien-attitude :

–          Ah non, moi je pourrais pas ! J’ai trop besoin de viande, sans viande, j’peux pas.

Genre les types c’est des vampires, sans viande ils peuvent pas. Et ils me font la bonne blague de me narguer en murmurant « hmm, un bon steak saignant ! » (ce qui est irrespectueux ou plus simplement : pas drôle). Pourquoi ? Parce qu’inconsciemment ça leur rappelle la maternelle, quand ils avaient peur du sang, et qu’ils identifient à de la lâcheté et de la faiblesse le fait de ne pas en manger. L’idée c’est que manger de la viande c’est viril, et que manger de l’herbe ne l’est pas… Oui, c’est l’idée, qui nous a bien été inséminée tout partout dans nos cerveaux par des vendeurs de viande : mange de la viande pour devenir fort ! Et pourtant, c’est qui le plus fort du chien ou du taureau ? Du lion ou de l’éléphant ? Paf l’argument ! En fait, la force n’a rien à voir avec la viande. La viande donne du volume aux muscles, la pas-viande donne de la densité et de la nervosité. Dans un cas c’est « beau » (ou juste gros), dans l’autre c’est efficace, et le bouffeur de viande s’essouffle là où le végétarien tient la distance : j’en veux pour exemple ces pédaleurs de touk-touks indiens, fin comme des trucs fins, qui te tirent des butins de remorque qu’aucun bouffeur de viande pourrait peut-être pas tirer.

Végétarien musclé - végétariens

Comme quoi végétarien ne veut pas dire maigrichon (stop au lobbying des bouchers-charcutiers)

Mais y a pas que la viande dans le végétarianisme ou devrais-je dire le non-mammifèrivorisme ou encore le « régime quat’pattes » car, ai-je découvert récemment, mon régime à moi porte ce nom, la plupart des mammifères ayant quatre pattes (mais en théorie tu peux toujours manger du dauphin)… Non, disais-je, y a pas que la question de la viande, y a aussi celle du lait, parce que si t’aimes les mammifères, ben ça te fait chier de savoir qu’une vache elle souffre, aussi bien vivante (lait) que morte (steak).

Et là pouf, tu te dis : je vais acheter du lait de soja. Mais le problème, quand t’arrives au supermarché, c’est que le lait de soja il vaut trois fois plus cher que celui de vache… Et que la vache sur sa bouteille, elle te sourit. Elle est dans un beau grand champ tout vert et elle a l’air trop contente que tu goûtes à son bon lait qu’elle a spécialement préparé pour toi. Je veux dire : ils te la montrent pas dans une cage, nageant dans sa merde, avec des  pieuvres métalliques de robot de dans matrix accrochés aux tétons. Non, elle te sourit. Mais le soja que dalle lui : on dirait une petite couille attachée à un brin d’herbe, alors bien sûr, t’achètes du lait, au nom d’une des deux raisons suivantes :

–          Parce que tu es insensible à la question

–          Parce que tu es un con errant (avec toi même)

J’ai beau retourner le problème dans tous les sens, j’arrive pas à trouver de troisième alternative… ou alors :

–          Parce que tu es vraiment, vraiment, vraiment très pauvre

A part ça je vois pas.

La vérité c’est que les gens ont peur du soja. Un bœuf mort ne les effraie pas, mais un brin d’herbe un peu louche ça les fait flipper ! La preuve c’est qu’ils veulent jamais goûter, quand tu leur tends un yaourt au soja, ils tremblent comme des vibromasseurs ! (ce qui est pratique si tu as invité ta sœur nymphomane à dîner) (mais je m’égare).

Puisqu’on parle de soja, parlons du steak de soja. Le steak de soja n’est pas quelque chose d’exceptionnellement bon mais il te rappelle une vérité vraie : c’est que l’attrait principale du steak haché c’est d’avoir quelque chose à mâcher (le principe du steak de soja c’est de vous faire retrouver cette sensation). Je parle pas du steak de Kobé hein, ce fameux steak issu de la viande d’un bœuf qui a été massé à la bière toute sa vie par des Japonais, voire des Japonaises… que même si ça se trouve elles étaient nues. Celui-là je le bouffe aussi hein, y a pas de problème, je parle des steaks que tu sais même pas c’est quel animal que tu manges, on a vu ce que ça a donné avec les lasagnes au cheval, on est tellement coupé de la nature qu’on sait plus ce que c’est, mais on le mange… Ou alors c’est qu’on fait semblant de croire ce qu’il y a marqué sur les étiquettes, ce qui colle bien avec ce comportement lâche, hypocrite (mais facile) auquel notre société nous incline.

De toute façon tu peux jamais être certain de ce qu’il y a dans ta « viande », à part des toxines. Mais on peut foutre n’importe quoi d’autre pour z’y donner du volume et faire des sous que tu le sauras pas, parce que tu le reconnaîtras pas au goût et que tu n’auras pas vu l’animal que tu manges et que tu tues… D’ailleurs tu as peut-être déjà oublié que ton steak est un animal mouru (non sans avoir souffert d’abord).

Tu vas me dire, si la vache ne souffrait pas autant avant de clamser, elles serait peut-être moins contente de partir… dans ce sens, les choses sont bien faites, si t’as vingt kilos de merde dans la tête.

Ce qui me désole, en écrivant cet article, c’est qu’il y a une quantité innombrable d’arguments en faveur du régime végétarien, mais qu’aucun ne fera mouche auprès des insensibles à la question. Or le lobbying boucher-charcutier a fait en sorte que vous ne le soyez pas. Le lobbying boucher-charcutier est tellement puissant qu’il est capable de vous faire croire que le trou dans la couche d’ozone c’est de la faute du pet de vaches, et de vous faire changer d’avis tout de suite après en se rendant compte que vous tentez de limiter l’élevage. On vous rassure tout de suite, vos pets polluent aussi.

Mais perso je préférerais que ce soit le contraire, car le pet de vache sent meilleur, comme la bouse parce que… elles sont végétariennes !!! Alors si aucun autre de mes arguments ne vous a convaincu, putain : bouffez de l’herbe et respirez aux chiottes ! Faites des bouses, pas de la merde ! Vous pouvez même bouffer de la lavande dans cette perspective, effet « je-suis-réinvité-chez-mes-amis » garanti.

C’est quand même dingue qu’on puisse arriver au point, que je n’invente pas, où on accuse les autres espèces de polluer… c’est le climax insupportable de l’injustice ! Bientôt on va accuser les pingouins de faire monter le niveau de l’océan parce qu’ils pissent sur la banquise.

Alors si vous avez un genre de sensibilité animale, rien qu’un petit bout, essayez voir d’être « végétarien », c’est une aventure vraiment sympa qui vous rendra heureux si elle vous aide à vivre en cohérence avec vous-même. Ne cédez pas aux extrémistes de l’un ou de l’autre camp, mangez ce que vous voulez, mais ce que vous voulez vraiment, en pleine conscience de ce que c’est, tout en assumant ce que vous faites. Je ne juge pas celui qui n’est pas sensible à la condition animale : aucune valeur n’est supérieure à une autre dans ma philosophie. Je juge celui qui y est sensible, mais qui, par paresse ou par lâcheté, contredit sa propre sensibilité. A celui-là je dis tu es un lâche… et je me le dis souvent à moi-même. Pour autant : l’homme qui veut déplacer des montagnes commence par les petites pierres… et il n’y a pas de mal à ne pas être exhaustif pour commencer.

Essayez !