Warning: Use of undefined constant REQUEST_URI - assumed 'REQUEST_URI' (this will throw an Error in a future version of PHP) in /home/nabolocoms/www/wp-content/themes/Divi-child/functions.php on line 73
Jéroméo dans : Taman Negara | Jay WorldMan

Retrouvez les aventures de Jéroméo, l’amoureux de l’Aventure, dans Fluide.G!

Voici un article sur le thème de « Jéroméo, l’amoureux de l’Aventure » publié dans Fluide.G ! Mais qu’attendez-vous pour vous procurez cet EXCELLENT Magazine? Hein? Qu’attendez-vous?!

Jéroméo, l’amoureux de l’Aventure
dans
TAMAN NEGARA

L’été. C’est l’occasion pour des colonies de non-aventuriers de démarquer la couleur de leurs fesses. Les amoureux de l’Aventure, eux, vont en Malaisie se frotter à la jungle et tout.

Défiant ce conflit Afghan qui s’éternise, bravant la crise économique mondiale et la menace nord-coréenne, un homme s’avance (c’est moi). Je fais route vers la réserve naturelle, sauvage et vierge, torride et ascendant capricorne du Taman Negara où pullulent des kilos de sangsues carnivores (j’aurais bien dit « des tonnes » mais à 2g la sangsue… soyons réalistes).

D’après les survivants que j’ai croisés à l’auberge, ces vampires miniatures s’accrochent partout : sur la surface lisse des bras et des jambes (en se jetant du haut des arbres), comme sur celle, ronde et fripée, de parties moins accessibles. Mais ne t’inquiète pas petite, là où toi tu es la bienvenue, les sangsues ne passeront pas !

Un jogging pink fluo moulant a remplacé mon short-à-poches d’aventurier. Un maillot de foot de l’équipe du coin, fluo lui aussi, me protègera les bras à coup de manches longues. Non, les sangsues ne passeront pas ! En revanche s’il y a un prédateur nocturne dans les deux kilomètres, même myope, je suis un p’tit peu dans la merde… Qu’importe : je bondis prudemment dans ce bateau-allumette qui doit me conduire vers mon destin. Il remonte la rivière jusqu’au village où je dresserai le camp pour les deux prochaines nuits. L’eau boueuse s’écarte nonchalamment devant la proue saillante de mon frêle esquif. De la berge, un gros crocodile me regarde, fixement. A tous les coups il m’a reconnu !

–            Quelle espèce ? Je demande à l’indigène qui tient la barre.

–            Bout de bois, me répond-il, laconique.

Enfin. Nous voici arrivés au village : quelques cases en bois disséminées entre les arbres touffus d’une petite colline. A l’intérieur, de jeunes progressistes jouent à virtua-succer-fantasy-huit sur superplaytenga. L’Aventure n’est pas là. Dans la jungle non plus : pas de sangsues, à peine ma panoplie fluo permet-elle qu’on distingue le héros de l’histoire du petit groupe de touristes bobos qui a eu la bravoure de m’accompagner.

Le guide nous montre de très vieux arbres pas trop dangereux, et des termites qui peuvent être un peu dangereux si on se couche au milieu sans bouger. Non petite, l’Aventure n’était pas là car, contrairement à tes semblables, elle m’attendait à mon retour : alors que je me dirige vers ma case, une ombre rapide comme l’éclair intercepte le crapaud qui crapaütait à mes côtés. C’est un serpent ! Un vrai en plus !! Il est tout noir et immobile à présent qu’il enserre sa proie entre ses manbidules. Mais qu’est-ce qu’il fout ? Le crapaud est trop gros pour qu’il puisse l’avaler, il attend qu’il se dégonfle ou quoi ?!

Le danger semblant écarté, je quitte l’arbre où j’ai grimpé (réflexe d’aventurier) pour aller interroger un des Malais qui jouent au foot pieds nus, à deux pas de là. Bien sûr je peux pas me mettre à gueuler « Un serpent ! Un serpent !! » comme le touriste lambda. Non, je prends mon air le plus détaché et, désignant le reptile, je demande :

–            Quelle espèce ?

–            Un serpent ! Un serpent !!

Le pauvre en a égaré son sang-froid. Du coup tout le village s’est réuni : nous avons entouré la bête, restée immobile, pour lui caler un manche à balais derrière le crâne, d’où nous avons pu l’attraper par les écoutilles… Oui, je crois qu’on a fait comme ça, même si j’y voyais mal, à cause de la distance.

L’indigène qui tenait le serpent, rapidement identifié comme un cobra royal du plus mauvais genre, m’en a confié la garde que j’acceptai sans l’ombre d’une hésitation : pour la photo-souvenir. C’était gentil de sa part, et j’aurais bien voulu rendre la pareille à quelqu’un mais personne ne voulait plus du cobra qui s’était d’ailleurs très attaché à moi, au propre plutôt qu’au figuré. C’est là que j’ai compris que je venais de me faire bizuter et qu’on ne se débarrasse pas facilement d’un cobra royal très très agile qui s’est enroulé sur votre avant-bras.

Finalement, après s’être bien bidonnés (qu’ils sont farceurs ces Malais !) les indigènes ont accepté de me venir en aide : nous avons pressé les crochets du cobra contre une planche, pour en extraire le venin, avant de le détacher de mon bras et de le mettre dans un pot, le temps de le rendre à la jungle sauvage et vierge. Oui, je crois qu’on a fait comme ça, même si j’y voyais mal, à cause du vomi.

Lors de cette opération, une dent du cobra a cassé. C’est celle que je porte encore, petite, autour du cou.

Ou plutôt celle que je portais jusqu’à ce que je m’en achète une fausse, pour faire plus vrai (l’originale ressemblait à un bout de plastique).

Et c’est ainsi que j’ai quitté la Malaisie pour ces plages de sable blanc où j’ai gravé ton nom dans l’écume des vagues immaculées de la mer du ciel immaculé, blanc, opalin, nuage, mouette… Mais ça, c’est encore une autre histoire !

D’ici que je te raconte, petite, rappelle-toi de toujours emprunter le chemin de l’Aventure. Et qui sait ? Il te mènera peut-être jusqu’à moi.

With love,

Jéroméo, l’amoureux de l’Aventure

Ps : si tu n’aimes pas marcher, mon numéro et mon adresse sont disponibles à la rédaction…