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Kung-fu power | Jay WorldMan
le ying et le yang

Le ying et le yang contredit les extrêmes: il y a toujours un peu de l’un dans l’autre.

Vous avez été nombreux (merci pour ton courrier Aline) à me demander ce que j’avais appris lors de ma formation accélérée de Kung-fu (quatre heures au MacDo, cinq heures sur tatami), or il me paraît totalement impossible d’essayer une résumance de la pensée spiritique de Skippy… Je vais toutefois vous narrer des bribes de cette aventure, en espérant qu’elle vous aide à trouver la voie vers un nouvel âge reminiscent.

Skippy m’avait donné rendez-vous à sa salle d’entraînement (qui se trouvait être son appartement). Là il m’annonce :
– Pour commencer je vais t’apprendre à lire l’avenir. Penche-toi en avant et baisse ton pantalon.
Je m’exécute sans poser de question, confiant en la sagesse du maître, et là qu’est-ce que je m’aperçois-je ?! Lui aussi baisse son pantalon !!
– Mais… mais tu vas m’enculer ??! m’exclamé-je.
– Ben tu vois, ça y est, tu lis l’avenir, conclut-il, satisfait.

Ah ça vous fait rire, pas vrai ? Vous voulez de l’humour encore et encore mais je me tue à vous dire qu’ici c’est la « partie philosophie » du blog, c’est marqué en bas à droite ! Merde !

Alors je reprends, sérieux cette fois.

Je suis bien allé dans l’appartement du maître (le mec doit avoir la trentaine, il parle au moins anglais, chinois, italien, allemand et il a voyagé partout en Asie et en Europe. Je me suis passé de lui demander s’il avait un diplôme et si oui avec quelle mention – voir l’article précédent) qu’il avait décoré façon salle d’entraînement.

Les trois-quarts de son living-room étaient occupés par le tatami, encadré de murs blancs, sauf au bout de la salle, qu’une large fenêtre inondait de lumière. Divers instruments martiaux étaient posés ici ou là.

Je ne vais pas trop m’attarder sur les concepts généraux du kung-fu que vous pouvez trouver sur internet et me focaliser davantage sur mon expérience.

Je précise toutefois que l’art que m’a enseigné le maître s’appelle le « Wing Chun », qu’il était notamment pratiqué par Bruce Lee et que mon maître fait parti de la troisième génération de disciples de Yip Man, le premier à avoir enseigné ouvertement la discipline.

Voilà qui parlera peut-être aux connaisseurs.

Le Wing Chun est un art martial qui ne recourt pas à la force, ce qui fait qu’il peut-être pratiqué par des femmes ou des personnes âgées… Ce qui m’arrange bien vu que je ne suis pas au top en ce moment.

Nous avons passé la majeure partie des séances d’entraînement à parler, de manière à ce que je comprenne la philosophie du Wing Chun. Je vais tenter de résumer tout ça, parlotte et exercices à la fois, en gardant le meilleur pour moi (faut pas déconner quand même).

kung-fuck panda

Deux pandas, en train de démontrer le principe du ying et du yang à un photographe inconnu.

Comme expliqué dans l’article précédent, mon maître n’accorde pas de valeur à ce qui n’a qu’une unique vocation. Ce n’est donc pas le cas du Wing Chun, dont les théories sur le combat peuvent s’appliquer aux relations interpersonnelles et à un tas d’autres domaines en général.

Pour m’expliquer comment fonctionne le Wing Chun, mon maître m’a fait une démonstration éloquente : il a pris un bambou et l’a appuyé contre le côté d’un ballon de basket qu’il avait posé sur le sol.

– Nabolo, ton objectif, pour maîtriser le Wing Chun, c’est de ne plus avoir d’autre forme que celle de ton adversaire. Tu dois devenir informe. Mais pour que tu comprennes où je veux en venir, imagine que tu es ce ballon de basket, et que ce bambou, c’est le coup de ton adversaire. Le Wing Chun t’enseigne quatre possibilités de réactions à ce coup.

Le maître appuya le bambou un peu plus fort contre la surface du ballon qui se mit à tourner, presque naturellement. Ce faisant il dévia le bâton vers le haut et se glissa en-dessous.

– Dévier par le haut et se glisser dessous.

Le maître remit le bambou en place mais cette fois le ballon roula vers le bas, ce qui fit glisser le bambou sous la sphère où le poids du ballon le maintint, bloqué contre le sol.

– Dévier par le bas et bloquer.

Deux fois encore il réapposa le bambou contre le ballon qui tourna de gauche et de droite pour se frayer un chemin tout droit, à la place originale du bambou.

– Dévier de gauche ou de droite et passer au milieu.

Ce qu’il me faudrait retenir de cette leçon c’est que le Wing Chun est basé sur la conservation de l’axe central. On ne fuit pas : on reste sur la même route. Mais on ne s’oppose pas non plus. On trouve le juste compromis entre ces deux solutions, qui permet d’avancer dans la direction originellement choisie.

– C’est comme si tu étais pris a parti, m’a-t-il dit, par un type, à l’épicerie de ton quartier. Si tu fuis il te menacera à chaque fois. Si tu l’affrontes, tu ne gagneras que si tu es le plus fort, et rien ne te dit qu’il ne reviendra pas le lendemain, armé ou avec ses amis. Trouve la voie qui te permet d’avancer, sans fuir et sans t’opposer.

Il m’a donné un autre exemple ensuite, en m’encourageant à le frapper à la tête. Forcément j’y suis allé doucement, mais il a voulu que je frappe plus fort, et je n’avais pas de quoi m’inquiéter pour lui parce qu’à chaque coup, il déviait mon poing avec un mouvement rapide de son avant-bras.

Il m’a dit :

– Tu vois, il y a plusieurs façons d’éviter ton coup. Soit je l’esquive, mais dans ce cas là je dois être le plus rapide, soit je le pare, mais dans ce cas là, mon bras doit être plus fort que le tien. Et puis il y a la solution intermédiaire, celle où mon bras rencontre le ton bras sans s’interposer directement, mais suffisamment pour détourner sa trajectoire, et regarde, frappe-moi encore…

Comme un con j’ai refrappé, ça sentait le piège pourtant. Il a levé le coude, à peine plus haut que la dernière fois, pour parer le coup qui arrivait de haut en bas. Mon poing a rencontré son coude (ce qui fait mal) et il a étendu l’avant-bras pour m’enfoncer le petit doigt dans l’œil.

– Tu vois m’a-t-il dit, je n’ai pas utilisé plus de force que toi, ni plus de vitesse…

Je voyais bien, mais plus que d’un œil. Lui a poursuivi :

– Le Wing Chun t’enseigne à utiliser d’autres moyens que la force pour vaincre. C’est bien d’être fort, mais ça ne dure pas. Le Wing Chun est un art que tu peux employer toute ta vie et sa pratique ne fait pas souffrir ton corps, au contraire : elle l’entretien et le protège.

Le point de vue se discutait en ce moment même. Heureusement nous sommes passés à l’exercice suivant.

Le jeu de la poussée tranquille éternelle

On s’est mis debout, face à face, paumes des mains collées les unes aux autres.

Ma mission était de maintenir une poussée constante des avant-bras, de manière à étendre les bras. Le truc c’est que je ne devais pas augmenter la force de la pression, à aucun moment, et ne pas tomber non plus s’il enlevait soudainement les mains.

– Ca c’est pour t’apprendre à ne pas te livrer. Quand tu utilises ta force, tu te livres : tu projettes ton corps dans une direction dans laquelle il m’est ensuite facile de te pousser. Apprend à maintenir une pression sans te projeter, et tu seras moins vulnérable.

nonne ying yang kung-fu

Le ying et le yang sont même connus en occident où ils ont longtemps influencé la mode.

Le jeu du corps glissant comme la grenouille humide de rosée du matin

Il m’a demandé de me mettre debout, tronc face à lui, pieds dans sa direction mais jambes écartées : une devant, l’autre derrière… Rien que ça j’ai eu du mal à le faire, du moins en conservant l’équilibre.

Comme je galérais il m’a invité à trainer ma jambe arrière, comme un poids mort, puis à réessayer de me positionner. Cette fois c’était bon, j’avais trouvé l’équilibre ! Selon lui c’est que je n’écoutais pas assez mon corps et qu’il lui avait fallu faire un détour pour me forcer à utiliser les bons muscles.

Il m’a ensuite adressé des coups, à vitesse lente en m’expliquant comment « glisser dessus ». Il fallait accepter le coup et se laisser entrainer dans la direction qu’il empruntait : ne pas le fuir, ne pas l’opposer mais se laisser porter par lui jusqu’à le contourner.

Le maître s’est amusé que, ayant compris l’exercice, j’essaye parfois d’anticiper et il m’a invité à continuer l’exercice les yeux fermés.

Très intéressant, mais je pense qu’il faut une sacrée pratique pour appliquer ça en baston sans se faire dégommer.

michael jackson noir blanc

Même les plus grandes stars ont connaissance des principes du ying et du yang. Leurs vies entières en sont parfois un exemple.

La lutte gracile du pélican parfumé

Puis il s’est positionné face à moi, même position de jambes mais nouveau jeu : essayer de se déséquilibrer sans employer la force, de facto, puisque si j’employais la force c’est moi qui tombais : il lui suffisait alors de me pousser dans la direction où j’essayais de le pousser moi-même après avoir glissé le long de mes bras.

De l’extérieur (de la fenêtre des voisins d’en face par exemple) ça devait paraître étrange.

Nous étions au corps à corps, nos bras tournant autour de nos bras, toujours en contact afin de déceler l’intention de l’autre dans ses mouvements.

Je n’ai réussi à le déséquilibrer qu’une fois. Ca n’a plus été possible ensuite, car il s’est concentré mieux, jusqu’à devenir une boule, glissante, partout où j’appuyais.

Nous avons fait quelques autres exercices, mais ce serait vain d’essayer de vous les expliquer sans vous expliquer d’abord ce qu’est le Qi.

Le Qi

Le Qi, en gros, c’est l’énergie vitale qui circule dans tous les êtres vivants.

Le problème c’est qu’il circule plus ou moins bien selon différents critères. Les pratiquants du Wing Chun essayent d’améliorer sa circulation au travers de différents exercice. Mon maître m’en a enseigné un, à pratiquer une demi-heure tous les jours pendant cent jours, tout en menant une vie saine (pas de cuite ; se coucher avant minuit pour respecter l’horloge interne du corps, etc) et m’a dit qu’avec du bol, je pourrais peut-être sentir mon Qi… qui est l’ennemi du qiqi (m’a-t-il confié à cette occasion), car l’activité sexuelle épuise l’énergie vitale, stationnée dans les reins.

– Rappelle-toi que le plaisir éloigne du pouvoir, m’a-t-il appris.

videl apprend voler

Pour apprendre à voler, Videl doit d’abord apprendre à maîtriser son Qi (mais c’est finalement le qiqi de San Gohan qu’elle maîtrisera le mieux, ce qui donnera naissance à la petite Pan, dans des épisodes de merde que je conchis).

Il y a plein de manière d’améliorer la circulation de son Qi, outre les exercices, l’environnement est important aussi : il y a des sons et des musiques qui font du bien au corps, comme le chant des oiseaux et le glouglou d’une rivière, des sons auxquels le corps a été habitué des milliers d’années durant.

Le maître m’a parlé d’une expérience qui avait été faite sur un arbre parasité.

On avait passé différents types de musique à l’arbre pour voir comment les parasites réagiraient. La musique classique n’eut aucun effet, pas plus que le jazz ou les chansons de Francky Vincent… Mais lorsqu’on leur avait passé du heavy metal, les parasites avaient cessé de se reproduire. Et mon maître de conclure :

– Tu vois Nabolo, il y a des sons qui ne vont pas dans le sens de la vie. Ce sont des sons négatifs. Fuis ce qui va contre le sens de la vie, et suis ce qui le suit.

La question baston :

C’était bien beau toutes ces techniques d’esquive et tout ça mais je me posais une question.

Au rugby ou même lors d’une baston, l’impact des coups est amoindri par le fait qu’on se prépare à les recevoir, comme si on levait devant soi une barrière protectrice. Ce qui explique qu’un mauvais tacle au foot fasse plus mal qu’un bon placage au rugby : parce qu’on y est pas préparé.

Si j’étais « informe » comme il le conseillait, et que par malheur, lors d’une baston de rue, je ne parvenais pas à glisser sur le membre adverse pour éviter le coup, j’étais bon pour avoir mal (très mal).

Le maître a approuvé et reconnu l’existence de la barrière protectrice que j’évoquais. Il a même voulu me faire une démonstration (hélas) et m’a invité à cogner mes deux avant-bras contre les siens, encore, encore, encore… Au bout de cinq à six coups j’avais l’avant-bras tout gonflé, lui rien.

– Tu vois ? L’impact est le même pour nous deux et ta barrière protectrice est levée, mais j’ai moins mal que toi, tu sais pourquoi ? C’est parce que le Qi circule mieux chez moi. Quand nous faisons cet exercice, je change quelque chose dans mon corps qui me protège de la douleur. Pour appliquer le Wing Chun tel que je te l’ai enseigné, tu dois d’abord développer ton Qi. Certaines personnes le développent tant qu’il tourne en eux de manière permanente, à très grand vitesse. Quand tu les touches, c’est comme mettre ta main sur une toupie géante : elle va si vite que ta main est éjectée au contact. Les personnes qui ont développé la circulation de leur Qi à ce niveau là sont très dangereuses parce que, si tu les combats, leurs coups peuvent influencer tes cellules et tu risques d’avoir des séquelles à terme ou développer un cancer.

Certains prétendent même (ai-je lu sur internet) que c’est ce qui aurait tué Bruce Lee, mort quasi-inexplicablement à l’âge de 32 ans : il aurait reçu ce « touché de la mort » quelques semaines auparavant.

bruce lee yip man

Yip Man et Bruce Lee, en train de jouer à la lutte gracile du pélican parfumé.

Nous avons poursuivi avec un exercice de bâton, qui devait me permettre de mieux écouter mon corps. Il s’agit de balancer un bâton à bout de bras et de se laisser guider par lui. Difficile à retranscrire par écrit mais à la fin, c’est vrai que, même après cinq heures seulement de formation, je sens mon corps différemment. Comme si j’avais pris conscience de mon Qi, et que je le sentais par instant. J’ai même fait l’exercice que le maître m’a recommandé aujourd’hui, pendant quinze minutes dans la salle de bain, et j’ai clairement ressenti l’énergie crépiter entre mes bras (à moins que ce soit une crampe).

Le Qi est partout donc, c’est la vie, capable de s’influencer elle-même. On peut le comparer à la « force » des chevaliers Jedis de StarWars, sauf qu’il existe vraiment, ici sur Terre, j’ai commencé à le percevoir.

Je ne vais pas essayer de vous convaincre de son existence, chacun ses expériences et son cheminement. Mais en quelques heures j’aurais appris beaucoup de choses sur un tas de domaine, jusqu’à obtenir un gros bonus en sagesse (une caractéristique non négligeable et ô combien plus intéressante que l’intelligence). Assez inattendu en fait : je ne pensais pas que cette aventure m’ouvrirait tant de nouvelles perspectives.

Le rapport du corps à la nature

Ce que j’aime le plus, dans tout ce que j’ai appris sur le Kung-fu, le Wing Chun ou le Taoïsme (car ces trois domaines sont liés), c’est le rapport du corps à la nature (voir à ce sujet l’article : La philosophie de l’Aventure : comprendre le langage du corps, des animaux et des plantes).

Mon maître m’a notamment conseillé de faire mes exercices près d’un vieil arbre, centenaire si possible, parce que son Qi sera plus important que celui d’une jeune pousse et qu’il pourra influencer le mien positivement. Il m’a aussi recommandé de ne pas faire mes exercices à la pleine lune parce que je risquais d’y perdre tout mon Qi (la lune l’absorberait d’après lui).

J’avais tellement envie de croire en notre rapport à la nature que je suis ravi de découvrir tout une philosophie basée là-dessus (je me réveille un peu tard : le taoïsme existe depuis un bout de temps…).

5-elements

Et Leïlou?? Elle est où??

La partie qui concerne les cinq éléments est aussi très intéressante et, comme le Wing Chun, elle n’a pas qu’une unique vocation : on peut l’utiliser dans plusieurs domaines. Je vous donne un exemple :

Il y a cinq éléments qui correspondent chacun à une saison, une partie du corps, une humeur, etc.

Ces éléments sont : le bois, le feu, la terre, le métal, l’eau.

Il existe des équilibres entre ces éléments qui s’appliquent aussi aux sous-éléments qui leurs correspondent.

Par exemple si le bois correspond à la colère, le feu à la joie, la terre aux pensées/soucis, le métal à la tristesse, l’eau à la peur, et que le métal vainc le bois (il coupe), le bois vainc la terre (il creuse), la terre vainc l’eau (elle comble), l’eau vainc le feu (elle éteint), le feu vainc le métal (il fond), les humeurs correspondantes à ces éléments s’annulent les uns les autres selon le même équilibre.

Pour vaincre la colère de quelqu’un, mieux vaut employer la tristesse (désarmante) plutôt que de se mettre en colère soi-même, ce qui nourrirait la colère de l’autre, etc.

Conclusion :

Je n’ai pas trop appris à casser la gueule aux gens, mais j’ai débusqué une grosse source de poésie.

Il y a de la magie dans l’enseignement du kung-fu et les histoires qui y sont liées, de l’aventure, du positif : ça va dans le sens de la vie.

Il est bon de se promener dans cette direction.

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