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Oto Mustam : le community manager héroïque | Jay WorldMan

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Après avoir incarné Mafaldrag en tant que Community Manager de la Communauté hispanophone des joueurs de DOFUS j’ai, depuis l’automne dernier, décidé d’incarner le personnage d' »Oto Mustam« .

Qui est Oto Mustam ? Dans le Monde des Douze (celui où se passe l’action du jeu DOFUS), Oto Mustam est le chef de la milice d’une des deux grandes cités en guerre : la sombre Brâkmar.

Au départ, rien ne me prédisposait à jouer ce rôle. Le serveur dit « héroïque » (car proposant un mode de jeu où la défaite d’un personnage en combat entraîne sa « mort définitive« ) portait déjà le nom d’Oto Mustam.

Pour présenter ce nouveau concept, tout un plan de communication avait été prévu auquel, personnellement, je n’ai pas participé (ou sur le tard).

Bien qu’étant récemment passé « Lead» de l’équipe, j’ai conservé mes responsabilités vis-à-vis de la Communauté hispanophone (jusqu’à l’arrivée de Sir-Dal qui me remplace avantageusement depuis janvier).

Bref, et pour ainsi dire, la seule chose qui me liait au « serveur héroïque » c’est que j’avais envie d’y jouer. Mon expérience sur ce serveur a été un vrai plaisir et, tout en découvrant les particularités de ce mode de jeu dont la mascotte était ce personnage effrayant d’Oto Mustam, j’ai pensé que l’ambiance gagnerait à ce qu’Oto Mustam prenne de l’importance, et que le « serveur héroïque » donne naissance à sa propre communauté, plutôt que d’être un conglomérat de joueurs dispatchés sur de nombreux forums.

Je me suis donc appliqué à ce en quoi consiste mon travail, à savoir : créer et consolider une communauté.

Pour cela il fallait aux joueurs du « serveur héroïque » (ou « SH ») un forum commun où se rassembler et des symboles forts pour leur permettre de se reconnaître entre eux, de sentir qu’en participant au SH, ils participent à une expérience différente des autres, autour de laquelle ils peuvent débattre et se retrouver.

La Communauté Héroïque a obtenu son forum assez rapidement. J’ai tenté de lui donner d’autres particularités capables de la souder, comme la rubrique « Wanted » du forum qui permet de lancer des chasses à l’homme ou le symbole [RP] qui permet aux « rôlistes » de se reconnaître en jeu.

Les autres Communautés de joueurs se soudent facilement autour d’une langue commune. Comme le SH n’a pas de langue officielle, il fallait lui trouver d’autres points rassembleurs… C’est dans cet objectif que je me suis finalement décidé à incarner « Oto Mustam ».

De prime abord, j’ai assimilé Oto Mustam à un « Falawis » simplifié et bonnifié. Le personnage en lui-même n’est pas très complexe : il s’agit d’un soldat, tête brûlé dans son jeune âge et devenu officier au sang chaud. Il est porté par un sens extrême du devoir (celui de détruire Bonta), qui prime sur celui de la discipline. Sûr de lui-même et de ses futurs succès, il reste assez posé pour un personnage sujet à l’emportement. Oto Mustam se reconnaît un maître en la démoniaque personne de Djaul, lui-même soumis à Rushu, le roi des démons.

Ceci dit, dans le cadre du SH, le personnage d’Oto Mustam devait évoluer pour répondre à certains critères de neutralité vis-à-vis de la communauté de joueurs dont il allait devenir le mentor. Voilà pourquoi j’ai fait en sorte que Rushu lui donne une toute puissance à même d’élever Oto au dessus des préoccupations humaines : Oto ne se préoccupe plus de qui l’emporte sur qui, de Bonta ou de Brâkmar, sa mission est désormais de mettre les habitants du monde dont il a la charge à l’épreuve, afin de sélectionner parmi eux les mieux à même de servir les desseins de Rushu. (Lire l’histoire RP)

Une fois le personnage posé en maître terrible mais impartial de la Communauté, j’ai pu m’en servir pour « communitymanager » (comme on dit dans le milieu très très fermé des rares personnes qui exercent ma noble profession).

Plusieurs difficultés se sont tout de suite présentées :

Tout d’abord le problème de la langue : j’étais sûr d’exclure la majorité des joueurs Français en utilisant l’anglais. Je prenais le risque de chasser tous les joueurs non francophones en utilisant le français. Finalement je me suis décidé à utiliser l’anglais, le français et l’espagnol simultanément dans mes communications officielles, et l’une ou l’autre de ces langues en répondant directement aux joueurs.

Quant à l’incompréhension des joueurs, vis-à-vis de la façon de parler du personnage. Les joueurs de DOFUS n’ont pas été habitués au jeu de rôle, et je n’étais pas sûr qu’ils adoptent les « maljour » et les « soyez maudits ! » qui ponctuent les interventions d’Oto Mustam, digne héritier de Falawis Kâ… Finalement je dois dire que la chose est très bien passée, et que je suis régulièrement salué par des « maljour » et des « insultes/provocations RP » : sans doute ce que je pouvais espérer de mieux.

L’objectif d’un jeu, on devrait saisir toutes les occasions qui se présentent dans ce domaine, et surtout celles qui consistent à jouer son personnage !

Enfin, et c’est sans doute ce qu’il y a de plus problématique autour de mon personnage : la question de l’impartialité. Contrairement à ce qui avait été fait jusqu’à présent, j’ai donné le sentiment, avec le personnage d’Oto Mustam, d’être impliqué au-delà de ce qu’un Community Manager devait l’être. C’est cohérent, compte tenu de mon approche : Oto Mustam fait partie du jeu, du Monde des Douze dans lequel évoluent les joueurs, il porte un intérêt à ce qui s’y passe puisqu’il y est une sorte de PNJ-PJ (personnage non joueur et joueur à la fois).

Je peux bien sûr garantir de n’avoir jamais favorisé personne délibérément, mais il est certain qu’à partir du moment où j’influe sur le cours du jeu, d’une manière ou d’une autre, je peux potentiellement créer des inégalités, créer un sentiment d’injustice, etc. C’est la conséquence normale de mon implication.

La question que je me pose est donc : cette implication est-elle une plus-value pour la Communauté héroïque ? Il est évident que je cesserai de jouer le personnage d’Oto Mustam le jour où je serai convaincu que non. Pour l’heure, j’ai toujours la conviction que j’ai mon rôle à jouer dans l’équilibrage du jeu et l’évolution de la Communauté, notamment pour asseoir les règles qui pallient les faiblesses du code… Par exemple en ce qui concerne l’interdiction de faire du multicompte en PvP.

Ce sujet reste le plus épineux. Comment faire suivre des règles à des joueurs qui sont habitués à se moquer de leurs obligations ? En général, les règles de DOFUS, exposées dans les CGU et auxquelles tout joueur a consenti, ne sont pas respectées. La règle interdisant le multicompte en PvP a pour but d’éviter qu’un joueur avec de gros moyens techniques et financiers prenne systématiquement l’avantage sur un joueur ne correspondant pas à ces critères. Si ce genre de déséquilibre ne pose pas de problème sur un serveur classique, sur le SH où la mort est définitif, c’est une question centrale. L’équipe DOFUS et moi-même avons conclu que, si ce déséquilibre existait sur le SH, il en perdrait sa raison d’être. Voilà pourquoi tout a été fait, techniquement, pour qu’il ne puisse pas y avoir de multicompte possible en PvP, et voilà pourquoi j’ai sanctionné/je sanctionne de manière aussi exemplaire que possible ceux qui parvenaient/parviennent à contourner la règle.

Sachant qu’une sanction invisible n’aurait eu aucun effet sur l’ensemble de la Communauté, j’ai fait en sorte que la première personne que je prendrais la main dans le sac soit punie publiquement. C’est ce qui a donné lieu à « l’exécution de Lil- » puis à un grand nombre de manifestations à mon encontre.

Beaucoup de joueurs ont condamné ma manière de faire, en se basant notamment sur des comparaisons avec la vie réelle.

J’ai trop conscience que DOFUS n’est qu’un jeu pour recevoir ce type d’arguments qui accusaient la forme. En revanche il est vrai, à présent que ces exécutions publiques sont entrées dans les mœurs et qu’on me les réclame, que sur le fond, je déteste être dans la position de celui qui bannit.

S’il est certain que beaucoup de joueurs se moquent des règles et que je suis tout à fait dans mon droit (pour ne pas dire que j’en ai le devoir) de les sanctionner, reste que ça me pèse. Ça me pèse autant que je ne m’explique pas qu’un contrôleur de métro puisse vous tirer cinquante euros pour un ticket mal poinçonné ou ce genre de conneries… Mais dans le cadre de mon travail, en tant que Community Manager, je m’aperçois aussi que les sanctions que je prends sont toutes bénéfiques à mon efficacité et, tant que je n’en abuse pas, elles me permettent de rappeler les joueurs à leur devoir et d’installer entre eux et moi une relation plus saine que biaisée.

Je n’ai jamais de rancune pour les joueurs qui me poussent à sévir, d’abord parce que je ne mets rien de personnel dans ma façon de faire respecter les règles, ensuite parce qu’il me semble tout-à-fait incohérent d’appliquer des sanctions mesurées si c’est pour entretenir des rancunes démesurées : une faute doit pouvoir être purgée par la peine. Je crois faire en sorte que les joueurs connaissent mon état d’esprit à ce sujet. D’ailleurs, depuis sa célèbre exécution, j’ai reparlé avec Lil- en toute courtoisie.

En conclusion, Oto Mustam, contrairement à Falawis, m’apprend peu de chose au niveau du « rôleplay ». En revanche j’expérimente grâce à lui ce que ce doit être de « gouverner avec une main de fer dans un gant de velours », ou j’essaie, du moins.

Je ne sais pas quelle autre occasion la vie me donnera de jouer ce rôle, alors celle-là, je la prends.