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Robin des (le film au scénario en) bois | Jay WorldMan

Maximus dans le rôle de Robin… L’ex-gladiateur a bien du mal à lâcher son épée pour tirer à l’arc. D’ailleurs, de manière générale, il a bien du mal.

Hier soir ils ont passé un film épatant à la TV : le dernier Robin des bois de Ridley Scott avec Russel Crow. Comme beaucoup d’entre vous (j’espère), j’ai vu et revu la version avec Kevin Costner : « Robin des bois, prince des voleurs ». EXCELLENT film auquel je trouve peu (voire rien) à redire. Aussi me demandais-je comment ils s’en étaient tirés avec cette version : si les gros studios avaient fait des efforts scénaristiques ou comptaient juste sur le titre pour toucher le pactole.

Eh ben en termes d’efforts scénaristiques j’ai pas été déçu, mes aïeux ! On peut même dire que ça mouline grave du pédalo.

L’histoire telle qu’on la connaissait dans le film avec Kevin : « Robin/bert de Locksley rentre de croisade pour découvrir que son domaine a été spolié par le Prince Jean, frère de Richard cœur de Lion. Dès lors Robin va s’acoquiner à une bande de hors-la-loi et voler les riches pour nourrir les pauvres (en passant il séduit aussi Marianne, une amie d’enfance). » Bon.

C’est simple et efficace, avec les personnages principaux qu’on connaît tous : Frère Tuck, le prêtre aviné ; Petit Jean, la grande brute ami fidèle ; Marianne, noble dame au cœur charitable ; le sheriff de Nothingham, pas beau très méchant.

C’est quand même du solide cette histoire là, du vu et du revu. Alors que changer dans pareil scénario ? Voilà ce qu’a fait « l’équipe scénaristique » (laissons l’auteur à son anonymat) :

« Robin Longstrike (il lui fallait un nom anglais alors « Tireloin » c’est une sacrée trouvaille de la part de l’équipe scénaristique) est archer dans l’armée de Richard Cœur de Lion, dont le pote le plus proche s’appelle Robert Locksey de Nottingham. Alors que l’armée anglaise assiège une forteresse française, Richard est mortellement blessé : sûrement parce qu’il trottait en cercle tout en agitant son épée sous la muraille. Sachant que la place forte est loin d’être prise et qu’il pleut des flèches c’était pas le plus malin mais bon, il est comme ça le Richard : tout seul dans la bataille il fait des ronds en criant, c’est beau, c’est noble et c’est historique.

Ah c’était autre chose avec Kevin ! A l’époque il faisait ses cascades lui-même et Marianne était jolie.

Richard meurt donc frappé par une flèche (dans le film hein, parce qu’en vrai il meurt de la gangrène dans les bras de sa mère). Mais comme dans le film sa mère est pas là, il faut quelqu’un pour lui rapporter la couronne de Richard : c’est Robert Locksley qui s’en charge. Pendant ce temps Robin Tireloin est condamné pour injure blabla mais on s’en fout un peu au début vu qu’il parvient à s’échapper et qu’il arrive avec ses potes JUSTE AU MOMENT ou Locksley se fait embuscader dans la forêt. Du coup Tireloin accepte de rendre l’épée au père de Locksley, mourant (l’épée est spéciale parce qu’y a un proverbe en américain gravé dessus). Il accepte aussi de ramener la couronne à la mère de Richard, bien que Locksley oublie de le lui demander (Locksley pense à le demander au méchant mais pas à Robin qui a capté tout seul, manifestement). Les compagnons de Tireloin trouvent qu’il n’a pas que des bonnes idées, mais Robin dit que y a pas de problème pour se faire passer pour un noble quand on porte une armure (sic) et donc qu’ils peuvent prendre la place de Robert pour aller voir la reine sans souci, etc.

Robin devient donc Robert (puisqu’il a enfilé son armure : aussi efficace pour se déguiser que les lunettes de Clark Kent) et il ramène la couronne à la reine et au prince Jean qui devient le roi Jean. Après Robin décide de rapporter aussi l’épée au père de feu-Robert, bien que ce soit hyper dangereux : il est toujours accompagné de Petit Jean et compagnie… Eh oui ! Surprise : les mecs qui l’accompagnent depuis le début sont ses célèbres compagnons des bois de Sherwood. Robin ne rencontre donc plus Petit Jean en combattant avec lui au bâton pour traverser une rivière ! Il fallait du changement niveau scénario, alors tant qu’à faire : et si on dirait que Marianne elle était déjà mariée à Robert mais que elle l’a connu que huit jours avant qu’il parte et donc qu’elle est pas trop triste de savoir qu’il est mort ? Ok, ça le fait. On fait pareil avec le père ? Ok, ça le fait.

Mais bon, à la limite c’est pas ce qui choque le plus : en ces temps troublés le rapport à la mort n’était sûrement pas le même. Plus surprenant : le père de Robert propose à Robin de se faire passer pour son fils et de ne pas baiser Marianne. On sent que Robin est dég à la façon qu’il a de mater (et ça par contre c’était cohérent) les tibias boueux de Marianne lorsqu’elle les trempe dans son baquet. Après sept ans de guerre on le comprend.

Pendant ce temps là, le mec qui a tué Robert agit en fait pour le compte du Prince Jean à qui il suggère de lever des impôts par la force afin de mécontenter les nobles de son royaume… ça paraît pas trop tactique comme idée mais c’est parce qu’en VRAI fait, ce mec (Godefroid pour ne pas le nommer : LE nom du second rôle médiéval par excellence) agit pour le compte de Philippe, le méchant, vil, traître et sournois roi de France.

Bon.

TOUT LE MONDE (même vous maintenant) sait que c’est comme ça que Robin et Jean se sont rencontrés. Sauf « l’équipe scénaristique » de ce.

Pendant que Robin flirte un peu avec Marianne et que petit Jean et ses amis chopent dans une soirée, Godefroid le méchant anglo-français pille des chefs-lieux dans le nord. Du coup les nobles sont pas contents et décident de se rassembler pour faire la révolution, au nom de la liberté et des droits de l’homme (c’est bien une idée de noble spolié ça !). Mais Jean (pas le petit, le roi) intervient pour dire à tous que c’est pas de sa faute : il jette la couronne dans la boue (il avait un vrai sens du sacré le mec) et dit que c’est la faute aux Français qui font rien que comploter pour envahir les côtes.

Entre-temps : Robin apprend de la bouche du père de Robert qu’il est peut-être fils de noble : j’ai rien entendu parce que (dans la version française en tous cas) les dialogues sont inaudibles dès que les personnages révèlent des moments clefs de l’intrigue (les doubleurs ont pas du bien comprendre l’histoire, et ça c’est facile à comprendre, par contre).

Entre-temps : Godefroid et ses sbires se préparent à accueillir le débarquement français sur les côtes.

Entre-temps : Robin rejoint les nobles et le prince-roi Jean pour discuter avec eux des droits de l’homme : tout le monde est d’accord avec lui.

Finalement, pendant que Robin discute de la liberté avec les nobles (il retrouve au passage ses origines, non que ça ait un quelconque intérêt pour le reste de l’histoire, la scène n’ayant sans doute été gardée – j’en ris – que par souci de cohérence), les pilleurs de chefs-lieus attaquent le château de Marianne et tuent le père de Robert. Puis Robin rapplique avec sa clique et ils capturent tout le monde.

On sent que l’équipe scénaristique a buché sur les funérailles du père de Robert. C’est la seule explication que je trouve au fait qu’il soit incinéré.
Maintenant que vous avez tous ri à cet EXCELLENT jeu de mot et donc blague à part : il est clair que le doute a pesé de tout son poids dans l’esprit des scénaristes :

–          Merde, le vieux qui meurt… on l’enterre ou on le brûle ?

–          Bah, généralement dans les films avec des épées les guerriers sont brûlés non ?

–          Oui mais là c’est un noble chrétien quand même, ça finit dans un cercueil. Je crois.

–          Pas le temps : on le fait brûler dans un cercueil et le tour est joué. De toute façon ils n’y verront que du feu.

–          Lol

–          Lol

–          Lol*

*il n’y a que trois intervenants dans ce passage mais celui qui parle en dernier rit aussi de son bon mot**

**mais en vrai c’est moi l’auteur

Je continue : Robin et Marianne (qui préfère monter à cheval jambes écartées) s’aiment, mais déjà il faut aller combattre ces roublards de Français qui s’apprêtent à débarquer. Heureusement les Anglois ont des CGV (chevaux grande vitesse) qui leur permettent de rejoindre la côte à toute allure, juste au moment où les Français débarquent dans les mêmes barques coupées que lors du débarquement de 44 en Normandie, les mêmes.

Voici différentes hypothèses sur le déplacement des deux armées. En rouge et bleu clair: hypothèse selon laquelle les Anglois ont des chevaux à moteur qui galopent sur rails. En bleu l’hypothèse la plus probable, mais qui implique un sens de la stratégie particulier du point de vu français (probable donc, cf mon article sur l’histoire de France: c’est le même peuple qui a construit un mur pour arrêter les nazis). En violet: autre hypothèse de trajectoire française.

Bref, dans une seconde c’est la méga baston, à coup d’épées et coup de flèches… quand tout à coup (justement) : un cavalier qui surgit hors de la nuit, court vers Robin des bois au galop, son nom, il le signe à la pointe de l’épée, d’un « M » qui veut dire Marianne. Eh oui ! Marianne, plus rapide que tout le monde, portant casque et armure : Marianne qui se prend pour Jeanne d’Arc afin de bouter les François hors d’Albion.

J’ai eu comme une absence pendant cette bataille épique, je l’avoue. J’ai repris mes esprits lorsque le méchant s’enfuit à cheval et que Robin Tireloin tire loin pour le choper en pleine gorge parce que les méchants doivent mourir à la fin. Comme quoi Robin des bois savait tirer à l’arc : malgré des gros efforts pour éviter les clichés, l’équipe scénaristique n’a pas pu éviter ce lieu commun. Dommage : j’aurais aimé me convaincre qu’il s’agissait d’une autre histoire, snif.

Mais le plus beau c’est maintenant : lorsque le roi de France voit que toute son armée s’est faite massacrée sur le rivage, il a cette phrase que les manuels d’histoire n’ont pas retenue (je vous la livre telle qu’il l’a dite dans la version française, mots pour mots) : « Tant pis, on s’en va ».

Je pense que c’est le moment qui m’a fait le plus rire de tout le film. Surtout de me l’imaginer, façon running-gag, prononcé par les généraux Français à l’issue de chaque défaite : Philippe à Crécy ? « Tant pis, on s’en va. » Charles à Azincourt ? « Tant pis, on s’en va. » Villeneuve à Trafalgar ? « Tant pis, on s’en va. »

Eh donc Maximus, pardon, Robin récupère sa meuf mais le Prince Jean refuse de signer la déclaration universelle des droits de l’homme : Robin va se cacher dans les bois, etc. Comme on nous l’annonce modestement en clôture de ce chef d’œuvre : ce n’était que le début de la légende.

Bon.

Si vraiment vous devez mater un dvd, regardez ou re-regardez ou re-re-regardez l’EXCELLENT « Kick-Ass ». C’est avec le même méchant, mais en dix fois mieux.