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Voyage au Deep-South (Slovénie; Italie) | Jay WorldMan

Je ne vous ai pas perdus en route ?

Parfait ! Je poursuis donc le récit de mes voyages d’été, laissé en suspens depuis septembre dernier.

La Slovénie

Quittant la forêt et la rainbow family à grandes embrassades et « see-you-in-five-minutes » (cf : l’Aventure d’être un hippie) j’embarque dans une voiture avec trois Autrichiennes qui font route vers la Croatie où elles comptent terminer leurs vacances, après cette expérience hippique.

Nous passons pour cela en Slovénie, une sorte d’Italie-bis peuplée de non-Italiens, où je les abandonne pour prendre la direction de la capitale, Ljubljana, non sans faire maintes rencontres en chemin et, selon les nouvelles habitudes prises au rainbow gathering, non sans faire maints hugs et maintes embrassades, avec une énergie déclinante, toutefois, au fur et à mesure que tout le monde trouve ça « bizarre », dans le monde réel.

Après une nuit passée en cellule (mon auberge est une ancienne prison) je tombe sur un couple de staff du festival de Montreux avec qui j’ai travaillé quelques semaines plus tôt – le monde est petit – et je fais la rencontre du guitariste philosophe-aventurier allemand qui partage ma chambre dans une seconde auberge, la prison étant pleine pour la nuit.

Le concept de personne « avec » ou « sans » quête

Ce nouveau camarade est d’agréable compagnie. Il poursuit une quête, en tant que musicien : cherchant à se perfectionner d’une manière que je ne saurais bien vous décrire étant donnée mon ignorance crasse dans le domaine musical mais enfin : j’ai compris qu’au bout de 12 ans de pratique et d’études intensives il n’était pas satisfait de ce qu’il était devenu ; qu’il partait en Grèce pour suivre les enseignements d’un nouveau maître afin de se redécouvrir lui-même.

Le genre de but dans la vie qui est plein de sens à mes yeux.

Mon camarade allemand m’a aussi longuement parlé de cette rencontre qui l’avait particulièrement marqué, avec un Birman, dont il avait appris que, si quelqu’un menaçait un moine bouddhiste d’une balle dans la tête, en lui disant (par exemple) : « Je te tue. », le moine serait incapable de comprendre la menace, les concepts de « toi » et de « moi » ayant disparu chez lui au profit du « on ».

Cette histoire ne m’impacte pas directement, car c’est un morceau de l’aventure d’un autre, pas de la mienne. Mais je suis ravi d’avoir rencontré quelqu’un qui partage avec moi ces petits trésors de rencontres et de sagesse échangés ; ces morceaux de « quêtes », disais-je. Apercevoir la sienne a revigoré la mienne (je parle toujours de la quête – avec un seul « quê »), la grande majorité de mes amis ou de mon entourage n’ayant pas de quête. Ça ne conditionne pas mon amour pour eux mais rencontrer ceux qui en ont une c’est comme se prendre une bonne grosse injection d’enthousiasmine, ça booste ! Et les gens comme ça c’est le plus souvent sur les routes qu’on les croise. C’est pour ça que j’aime tant voyager seul sans doute, parce que c’est le meilleur moyen de pas passer à côté d’eux.

La Venise de mille eaux

Bref : avec mon nouveau pote on est arrivé à Venise, une ville bien coule, avec de l’eau partout… mais vous en avez sans doute déjà entendu parler.

Venise, c’est au moins aussi beau qu’on le dit. On pourrait griller une pellicule de photos à chaque coin de rue si les appareils utilisaient encore des pellicules. Du coup on fait sans : flash-flash, flash-flash, n’empêche que, la beauté ayant chassé la vie, Venise ressemble davantage à un musée ou un parc d’attraction qu’à une vis-le. Et s’il prenait la fantaisie au Dogue de fermer les boutiques, les restos et de chasser les touristes, il ne resterait plus que des murs et de l’eau.

J’ai passé deux nuits au « Poisson vénitien », une auberge de jeunesse vraie de vraie où ça bouffe des spaghettis et ça joue à boire tous les soirs ; où ça a la gueule de bois tous les matins.

Et puis je suis parti pour Vérone avec pour objectif final l’aéroport de Milan d’où je devais prendre un vol vers Dublin puis Nantes : parcours le moins coûteux, le plus improbable et le plus rapide pour aller là où je devais aller.

Vérone

A Vérone, bien sûr, je suis allé voir le balcon de Roméo & Juliette qui existe « vraiment » : on ne va pas trop discuter son authenticité vu le nombre de touristes qui s’entassent dans la petite cour. Il ne reste guère de place que pour une petite boutique de cadenas : de ceux que les amoureux et les amis attachent partout par les temps qui courent, sur les ponts de Ljubljana, de Venise (de Paris même, paraît-il ?) et à plus forte raison : sur la grille de la cour de Juliette, en dessous du balcon et à côté de sa statue, tout contre le mur donc, celui qui est couvert de chewing-gums… Pourquoi tous ces chewing-gums ? Ou ces « chiques » de « gomme », pour le dire en français ? Leur fonction d’origine est de fixer les papiers où sont inscrits les noms des amoureux aux endroit où les cadenas n’ont pas prise… Seulement, avec le temps, les papiers s’envolent, et les chewing-gums restent. Ça plus les colonnes d’asiatiques qui se bousculent pour tripoter le sein droit de la statue de Juliette (acte qui porte chance en amour – à ce qu’il paraît) l’endroit n’a vraiment rien de romantique ni d’agréable : j’ai du attendre une demi-heure avant de pouvoir tripoter le nichon à mon tour ! Moi, un européen aux yeux et aux mœurs débridés ! Scandale. Et pauvre Juliette… je compatis ! J’ai voulu me masturber aussi, pour être sûr, mais les « gardiens » du lieu, qui fumaient dans un coin de la cour, m’ont prié de circuler en vitesse et ainsi fut fait : esquivant les coups de cadenas et les jets de chewing-gums, j’ai circulé jusqu’à Bergame où se trouve l’aéroport de Milan, selon la logique Ryanair dont je ne vais pas tarder à vous toucher quelques mots.

mur sous le balcon de juliette à vérone couvert de chewing-gums de mots d'amour et de cadenas

prière à juliette de vérone de roméo et juliette sur un petit mot d'amour rose fixé avec du chewing-gum

Avant cela il faut quand même que je vous raconte mon passage à la BNP de Bergame.

La BNP de Bergame

J’avais une demi-heure à perdre et décidai de visiter la ville de Bergame, perchée comme une forteresse sur un rocher, bien au-delà de la gare routière où j’étais descendue. Remontant la grande rue je croise une BNP, ce qui tombais face-poil parce que (c’est compliqué) : mes employeurs de la colonie de vacances de juillet utilisent un système de carte de crédit tierce pour… Attendez. Faisons simple : en gros il fallait que je retire de l’argent d’un compte temporaire pour le mettre sur mon vrai compte. Donc : j’entre dans la banque, je vide le compte via un distributeur-déposeur d’argent et j’essaye de re-déposer les trois cents euros que je viens de retirer sur mon vrai compte via la même machine. Impossible. Mon compte, français, n’étant pas reconnu, bien qu’il se trouve à la BNP. Je vais donc m’informer au guichet où j’explique ma mésaventure. Une gentille dame, qui n’en a rien à foutre, m’explique qu’elle ne peut rien pour m’aider. J’insiste. Rien. J’insiste. Elle appelle son supérieur, Alberto, un jeune-vieux-beau complètement folle qui parle bien français car sa mère est française (je connais toute sa vie maintenant), m’appelle par mon prénom, me tutoie, et me demande mon âge en m’invitant à le suivre dans son bureau. C’était très italo-caricatural comme moment, principalement grâce à l’accent d’Alberto. Je vous passe les détails de mes allers-retours dans les locaux de la banque et les questions d’Alberto sur ma vie privée : j’ai suivi mon guide d’un guichet inutile à un autre, et vous laisse me croire sur parole quand je vous jure que c’était drôle. J’ai terminé dans une petite salle avec un labrador noir et une secrétaire aveugle qui tapait sur un clavier en braille et qui, avec le concours d’Alberto, s’escrimait – sans succès – à joindre un interlocuteur BNP en France pour savoir comment s’occuper de mon cas. A noter que pendant la seconde où mon intention était tournée vers eux, un membre du personnel de la banque a failli me piquer le porte-feuille que j’avais déposé sur un meuble. Je n’ai pas vu Bergame du coup, mais j’ai vu sa BNP. Je regrette pas, certains spectacles de gens vous font plus voyager que tous les vieux murs de la Terre.

Enfin l’aéroport, où je me suis une fois de plus confronté à « Ryanair ».